La trilogie des Balkans de Chris Marker

La trilogie des Balkans de Chris Marker

La trilogie des Balkans, 3 films 26’, 26’ 27’. Chris Marker, Arte Editions, 2016.

Belle synthèse que ces trois films pour se rappeler ce qui caractérisait le travail documentariste de Chris Marker (1921-2012). D’abord cette intuition, cette perception aiguë de ce qui est en train de se jouer dans un conflit. Au début des années 1990, il est l’un des tout premiers à filmer ces guerres balkaniques dont il voit déjà se profiler les horreurs. Comme souvent il le fait à sa manière : en donnant la parole à ceux qui ne l’ont pas mais ont toute légitimité pour la prendre. Dans Casque bleu (1995) on est saisi par l’analyse lucide de ce jeune soldat français engagé dans les troupes de l’ONU en Bosnie. Perspicace aussi bien sur l’objectif de sa mission que sur les motivations de ses camarades. Personnalité très attachante Bajram Rehhepi irrigue de tout son altruisme Un maire au Kosovo (2000). Ce chirurgien qui soigne les maquisards de l’UCK deviendra d’ailleurs le premier ministre du premier gouvernement Kosovar. Là encore le témoignage de cet homme, clairvoyant et sans haine, déroule une parole d’une vive intelligence qu’on suit à l’image de sa voiture filant au milieu du chaos. Dans Le 20 heures dans les camps (1993) Marker ne donne pas seulement la parole à ces réfugiés bosniaques de Roska (Slovénie). Mais les aide à trouver leurs propres moyens d’expression ; pour se rapproprier une information, un moment quasi fraternel : celui d’un journal télévisé fait par chacun et pour tous. Loin des bottes et des dupes.

Philippe Pataud Célérier, septembre 2016, Le Monde Diplomatique

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